Salut à tous,

j'ai un avant-dernier truc à vous raconter pour cette saison....

Ce week-end a eu lieu le "championnat du Monde IRONMAN70.3". Sur ce genre de course 'prestigieuse' c'est simple: l'objectif est de gagner...

J-6,5,4,3... Préparation et test de nervosité.

Si tout bon brigand prépare son casse avec soin, je prépare mes affaires avec soin... mais pas que.

# Oublie de quelques affaires non élémentaires comme... une pompe pour avoir des roues gonflées par exemple...

# Crever son boyau pour en acheter un nouveau sur place... là c'est pas un casse, mais un braquage! 225 dolls le boyaux, je vous assure qu'il roule mieux que tous les autres sur la planète. C'est le meilleur des boyaux! De la mega tripaille cyclopédique!

# Fermer la voiture de location en laissant les clés dedans pour tester son 'self control' et voir si t'es capable de pas insulter la voiture plus de 10 secondes.... [pas cap.]

# La carte qui ne passe pas alors que t'as fait lever les plafonds... merci. Si j'avais su j'appelais Albert, il débloque les fonds à ce qu'il paraît.

Jour-J. Jour du Hold-Up...

On avait discuté de ça y'a un p'tit temps avec François Chabaud: un format 1.9/90/21, c'est à bloc et point barre. La tactique est donc là. Le base même du secret est là: 100%, 100%, 101%.

8h24, le départ est donné. Je ne prends qu'une petite gifle de bienvenue... à côté de moi il y a "le séchoir"...il m'en a éclaté 2 devant mes yeux que je ne voulais pas être le 3ème...

Bref, je sors 19e... 500m plus loin, me voilà dans le parc à vélo en train de choisir dans la salle des trésors mon casque... parmi tous les autres posés par terre...

8h54: mode boucher enclenché, et là, ça relève du fiasco. Un véritable hold-up. Championnat du monde de triathlon SANS drafting, les mecs sont tellement ensemble que j'ai pu voir 3 chutes massives!!! (Mon gaillard, si t'es à 7m le gars par terre qui est devant tu ne te le payes jamais -à moins d'être con, mais ça, c'est un autre soucis- !) je fais sauter les gars de ma roue dans chaque talus et je récolte des types dans ma roue sur le plat qui ne me suivent pas dans le talus suivant et ainsi de suite... (oui, j'avais tablé la préparation sur un parcours dur dans les laurentides! Les laurentides... c'est plat.)

Bref, je me sens bien... je n'ai qu'une chose en tête: poser avec le maximum d'avance et aller au bout à pied sans me faire rattraper...

Et là le plan en prends un coup... ça sent les égouts de partir seul comme ça, mais trop tard...

Au demi-tour je me rends compte de ce qui m'attends: les mecs roulent par packs de 40. Je suis écœuré, tu parles d'une course sans drafting!! (et le pire c'est que les gars s'en vantent après la course). L'idée d'envoyer un bidon rasant la route dans un paquet en face me traverse même l'esprit!

Après un vélo à 40.5 de moyenne, je pose finalement 2e... les jambes laissées accrochées au vélo.

J'enfile mes chaussures, je mets du temps à me mettre dedans.. (pas dans les chaussures! Dans la course à pied!) jusqu'a mi-course je rêve encore de la médaille d'argent... je me dis que c'est paillon! Plus que 11K!

au 13e km je ne rêve plus que du podium en me faisant reprendre une place et au 17e km je me fais avaler par 2 mecs n'ayant pas fait l'effort face au vent à vélo... je termine 6e des championnats du monde IRONMAN70.3...

Je craque complètement après la ligne... Assis par terre, seul... en larme, et écœuré.

Je pense à toutes ces heures à me priver des collègues, ces heures seul sur ma selle à regarder le goudron sous ma roue, ces heures passées à regarder des carreaux de piscine, ces heures passées avec mes Hoka à courir comme un type en cavale, ces personnes qui m'ont dit "on te fait confiance" que je n'ai su remercier en marchant fort sur cette course, cette douleur musculaire permanente et quotidienne à laquelle tu t'habitues et qui devient presque "normale"... rien. Rien n'a payé aujourd'hui. Rien n'a Peyrat non plus... le d'égout du paradis...

La satisfaction, peut-être, d'avoir été un des seuls à la jouer réglo sans avoir fuit par la fenêtre en m'étant vu condamné à me faire reprendre par les drafters...

Enfin, en 1978 déjà c'etait comme ça! Les interviews font l'éloge de ceux qui ne respectent pas toutes les règles... mais en 2014... il y a l'honneur en moins.

Je vous dis à bientôt pour de nouvelles aventures chocolatées,

Jérémy, dit jé Meat'Pie.

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